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OCYTOCINE ou comment l’instinct maternel est inscrit dans les gènes

Actualité publiée il y a 3 années 4 mois 1 semaine
Psychoneuroendocrinology
L’instinct maternel est inscrit dans les gènes ou plus précisément dans l’épigénétique  (Visuel Adobe Stock 58101436)

L’instinct maternel est inscrit dans les gènes ou plus précisément dans l’épigénétique : l'empathie de la mère est définitivement liée, avec cette recherche de l’Université de Fukui à des changements épigénétiques ou d’expression du gène de l'ocytocine, OXT. Plus largement, l’équipe japonaise montre ici, dans la revue Psychoneuroendocrinology, que la méthylation du gène OXT est positivement corrélée avec la détresse personnelle, une réponse émotionnelle aux sentiments négatifs des autres, mais également une parentalité plus sévère.

 

Notre capacité à ressentir et à comprendre les émotions des autres, ou « l'empathie », est au cœur de nos comportements prosociaux dont la coopération ou encore la délivrance de soins. Les scientifiques reconnaissent 2 types d'empathie: cognitive et affective :

l'empathie cognitive consiste à comprendre les émotions d'une autre personne au niveau intellectuel, en tenant compte de sa situation et de sa réaction : il s’agit de « se mettre à la place de l'autre » ; L'empathie affective, en revanche, est une sorte de contagion émotionnelle, où l’on ressent instinctivement l'émotion de quelqu'un après avoir observé son expression ou perçu d'autres indicateurs d'humeur.

Ces deux types d’empathie prédisent fortement le comportement des parents avec leurs enfants ou parentalité, ce qui peut, par la suite influencer le développement psychologique de l'enfant.

Comprendre comment l'empathie est "programmée" nous aide à déchiffrer la parentalité

Depuis longtemps, lorsqu’il s’agit d’empathie ou d’instinct maternel, les scientifiques s'intéressent à l'ocytocine, appelée également « hormone de l'amour ». Des niveaux élevés d'ocytocine prédisent une parentalité sensible, mais comment le gène de l'ocytocine peut générer une variation dans l'empathie et le comportement parental reste mal compris.

 

Des modifications épigénétiques du gène de l’ocytocine ? Une voie d’explication possible pourrait résider dans les changements épigénétiques du gène, des modifications qui peuvent changer la fonction du gène sans changer la séquence d'ADN. Plus précisément, la « méthylation de l'ADN » - l'ajout d'un groupe chimique appelé le groupe «méthyle» à des endroits spécifiques - dans le gène de l'ocytocine (appelé OXT) a déjà été associée à des traits de personnalité et à une structure cérébrale spécifiques chez les humains.

 

La méthylation de OXT peut-elle influencer l'empathie chez les mères ? Cette équipe de scientifiques de Fukui a donc évalué la méthylation de l'OXT par des analyses d'échantillons de salive de 57 mères de jeunes enfants. Par morphométrie basée sur le voxel, une technique d’IRM, les chercheurs ont examiné la taille des zones cérébrales liées à la méthylation OXT, pour identifier d’éventuelles connexions entre la morphologie cérébrale et la méthylation de l'ADN.

 

« L’imagerie épigénétique » est ainsi un nouveau domaine scientifique qui vise à expliquer le comportement en reliant les changements épigénétiques aux structures et / ou fonctions cérébrales. Mais dans cette étude, les chercheurs ont combiné ces données d’imageries avec les résultats de tests de psychologie bien établis pour déterminer les niveaux d'empathie cognitive et affective de leurs 57 participantes. L’analyse de ces données révèle que la méthylation OXT est :

  • positivement corrélée avec la « détresse personnelle » d'une mère et avec une parentalité « plus sévère » ;
  • négativement corrélée avec le volume de matière grise dans le gyrus temporal inférieur droit : une méthylation élevée du gène de l'ocytocine réduit le volume cérébral du gyrus temporal inférieur tout en augmentant la détresse personnelle.

 

Cette recherche est donc la première à identifier une corrélation entre la méthylation de l'ADN du gène de l'ocytocine et l'empathie, et la première à relier cette méthylation à la fois à l'empathie et à la variation de la structure cérébrale. Ses résultats mettent en lumière les processus complexes impliqués dans l'empathie maternelle, qui influe on le sait, sur le développement psychologique des enfants. L’étude clarifie le lien entre la méthylation du gène de l'ocytocine et l'empathie parentale, ainsi que les effets de cette méthylation sur les parties du cerveau liées à l'empathie. Avec peut-être la perspective d’un test diagnostique de la parentalité ?

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