PRÉÉCLAMPSIE : Repenser le dépistage en début de grossesse
Le dépistage personnalisé de la prééclampsie au début de la grossesse pourrait significativement améliorer sa détection, suggère cette étude de gynécologues-obstétriciens de l’Université de Laval. L’équipe a développé et documente, dans la revue Hypertension, un algorithme de dépistage personnalisé qui pourrait aider les cliniciens à mieux prédire quelles sont les patientes à risque plus élevé de développer cette forme d'hypertension artérielle (HTA).
La prééclampsie est la forme d’hypertension artérielle la plus dangereuse et l'une des principales causes de décès maternel dans le monde. La prééclampsie affecte environ 1 grossesse sur 25 dans les pays riches. Son incidence est plus élevée lors des premières grossesses. Les symptômes comprennent des maux de tête, des troubles de la vision et un gonflement des mains, des pieds, du visage ou des yeux de la mère ; la condition peut également diminuer le bien-être du bébé. Des recherches plus récentes ont montré que la prééclampsie peut être liée à un risque accru de développer des complications cardiovasculaires chez les femmes plus tard dans la vie. L’auteur principal, le Dr Emmanuel Bujold, professeur au Département d'obstétrique et de gynécologie de l'Université Laval résume : « La prééclampsie est l'une des maladies de la grossesse les plus graves et peut entraîner un accouchement prématuré et/ou le décès de la mère ».
La nouvelle recherche propose une autre manière de dépister la maladie et de détecter les patientes qui pourraient d'un traitement quotidien d'aspirine, à faible dose.
Les mécanismes biologiques à l'origine de la prééclampsie commencent généralement au cours du premier trimestre de la grossesse, les premiers symptômes de la prééclampsie n'apparaissant le plus souvent après la semaine 20. Les lignes directrices actuelles de dépistage sont basées sur les facteurs de risque de l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG). Ces directives recommandent aux femmes enceintes à risque de prendre de l'aspirine si elles présentent un facteur de risque majeur tel qu'une hypertension artérielle chronique, un diabète de type 2, une maladie rénale chronique, un lupus ou une prééclampsie. L'aspirine est également recommandée par l'ACOG aux femmes enceintes présentant 2 facteurs de risque modérés.
Enfin, de précédentes recherches ont montré que la prééclampsie prématurée, définie comme le développement d'une prééclampsie avant 37 semaines de gestation, peut être prédite au cours du premier trimestre en utilisant une combinaison d'ultrasons et de tests de biomarqueurs sanguins.
L’étude qui a suivi 7.325 femmes, et évalué l’algorithme entre 11 et 14 semaines de grossesse, démontre que l’algorithme de dépistage, qui combine les antécédents maternels, les tests de biomarqueurs et les résultats d’échographies, est plus efficace à identifier le risque de prééclampsie que les lignes directrices actuelles basées sur les facteurs de risque standards :
- sur l’ensemble des participantes, 65 soit 0,9 % ont développé une prééclampsie prématurée et 22 (0,3 %) ont développé une prééclampsie précoce ;
- le taux de détection de la prééclampsie est alors de 63,1 % pour la prééclampsie prématurée (avant 37 semaines de grossesse ) et de 77,3 % pour la prééclampsie précoce (avant 34 semaines de gestation) vs 61 et 59 % avec le modèle basé sur les facteurs de risque de l'American College of Obstetricians and Gynecologists ;
- le taux de faux positifs n’est que de 15,8 % vs 34 % pour me modèle de l’ACOG.
Quelle prévention, quelle prise en charge ? La seule façon de résoudre la prééclampsie une fois qu’elle s’est développée est d’accoucher. Une précédente méta-analyse avait cependant révélé que la prise quotidienne d'une aspirine à faible dose peut permettre de réduire jusqu’à 53 % le risque de développer une prééclampsie. Avec ce nouveau modèle de dépistage, il sera possible de prescrire de manière plus précoce, et à plus de patientes éligibles, une faible dose d’aspirine.
« La bonne nouvelle est que nous disposons désormais d’une approche de dépistage plus précise utilisant les tests existants qui peuvent prédire la prééclampsie au début de la grossesse. La prochaine étape consiste à rendre ce dépistage accessible à toutes les femmes enceintes afin qu’un plus grand nombre de femmes puissent recevoir un diagnostic au début de la grossesse et commencer un traitement préventif à l’aspirine, évitant ainsi potentiellement les complications d’une prééclampsie sévère ».
Des défis subsistent avec la mise en œuvre de modèles tels que celui-ci qui intègrent des biomarqueurs qui ne sont pas systématiquement évalués et peuvent ne pas être largement disponibles, en particulier au sein de groupes plus vulnérables qui sont justement plus susceptibles de présenter le risque le plus élevé de prééclampsie prématurée.
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