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RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : Et s’il décuplait les infections fongiques ?

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 2 semaines
PNAS
Chez certains champignons, les mutations s'intensifient au fur et à mesure que la chaleur augmente, ce qui peut mener à une infectiosité plus élevée (Visuel Adobe Stock 350604671)

Un climat plus chaud pourrait rendre certains champignons plus dangereux pour la santé, souligne cette équipe de biologistes de la Duke University (Caroline du Nord). Chez certains champignons, les mutations s'intensifient au fur et à mesure que la chaleur augmente, ce qui peut mener à une infectiosité plus élevée, selon cette étude fascinante publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS).

 

Les chercheurs montrent comment Cryptococcus neoformans, un agent pathogène fongique a évolué de manière à causer un nombre croissant d'infections potentiellement mortelles. Les personnes atteintes du SIDA et celles qui utilisent des médicaments immunosuppresseurs étant les plus vulnérables.

 

On revient souvent sur les virus et les bactéries, leurs mutations et leurs résistances et on oublie trop souvent les champignons, des agents pathogènes aussi, mais avec lesquels nous avons « eu moins à faire, pour le moment ».

Les champignons pathogènes (Candida, Aspergillus, Cryptococcus et autres) sont aussi des tueurs,

en particulier de personnes immunodéprimées. Cependant, les personnes en bonne santé n'ont pas en général à s'en soucier. Par ailleurs, la grande majorité des champignons pathogènes ne supportent pas bien la chaleur de notre corps.

"Mais tout cela est sur le point de changer".

L’étude révèle que les températures élevées amènent un champignon pathogène connu sous le nom de Cryptococcus deneoformans à opérer certains changements génétiques lui conférant une plus grande résistance à la chaleur, et probablement un potentiel pathogène supérieur. Plus précisément, une chaleur plus élevée fait que davantage d'éléments transposables du champignon, ou gènes sauteurs, se lèvent et se déplacent dans l'ADN fongique, entraînant des changements dans la façon dont ses gènes sont utilisés et régulés. Le séquençage de l’ADN révèle que :

 

  • plusieurs éléments transposables ou « transposons » particulièrement actifs sous stress thermique chez C. deneoformans ;
  • 25 autres éléments transposables ou plus dans cette espèce pourraient également se mobiliser ;
  • le stress thermique accélère les mutations : le taux de mutations du transposon est 5 fois plus élevé chez les champignons élevés à la température corporelle (37 degrés Celsius) que chez les champignons élevés à 30 ° C ;
  • l'un des transposons, appelé T1, s'insère entre les gènes codants, pouvant ainsi entraîner des changements dans le contrôle des gènes ;
  • un autre élément appelé Tcn12 atterrit également souvent dans la séquence d'un gène, perturbant potentiellement la fonction de ce gène et conduisant éventuellement à une résistance aux médicaments ;
  • un troisième type, Cnl1, atterrit à proximité des séquences de télomères aux extrémités des chromosomes, avec des conséquences encore incomprises ;
  • la mobilisation de ces éléments transposables semblent augmenter davantage chez les champignons vivant chez la souris (in vivo) qu'en culture de laboratoire (in vitro). « Nous observons la mobilisation des 3 éléments transposables dans le génome du champignon en seulement 10 jours après l'infection de la souris ». Il est probable que les défis supplémentaires posés par la survie au sein d’un organisme vivant conduisent à une activité plus élevée encore des transposons.

 

Grande adaptabilité = infectiosité plus élevée : « ces éléments génétiques mobiles sont susceptibles de contribuer à son adaptation dans l'environnement et donc au cours de l’infection. Ces changements pourraient intervenir d’autant plus rapidement que le stress thermique accélère les mutations ».

 

Ces infections fongiques ne seraient pas des maladies infectieuses au sens transmissibles ; nous ne nous ne nous transmettons pas les champignons mais leurs spores flottent dans l'air. Nous respirons tout le temps des spores de champignons et notre système immunitaire doit les combattre. Les spores fongiques sont généralement plus grosses que les virus, donc les masques seraient probablement suffisants pour les arrêter. Dans un premier temps.

 

Les scientifiques sont alarmistes : « les maladies fongiques sont en augmentation, en grande partie à cause de l'augmentation du nombre de personnes dont le système immunitaire est affaibli ou qui ont des comorbidités. Dans le même temps, les champignons pathogènes s'adaptent à des températures plus chaudes et à nos nouveaux environnements".

 

Cette étude « fascinante » décrit ainsi comment l'augmentation de la température mondiale peut affecter l'évolution fongique dans des directions qui restent imprévisibles…

 

« Au fur et à mesure que le monde se réchauffe, les transposons des champignons du sol comme Cryptococcus neoformans pourraient devenir plus mobiles et les changements génomiques s’accélérer en augmentant dans le même temps la virulence et la résistance du champignon aux médicaments.

Une menace de plus avec le réchauffement climatique ! »

« Il est temps de prendre au sérieux les champignons pathogènes. Les changements stimulés par le stress thermique peuvent favoriser l’acquisition de traits pathogènes chez les champignons à la fois dans l'environnement et pendant l'infection ».

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