RISQUE CARDIOVASCULAIRE : Le réchauffement climatique pose à nouveau question
Plusieurs études épidémiologiques ont associé les pics de chaleur avec des pics de mortalité de cause cardiovasculaire. Cette équipe de l'Université de Pennsylvanie (Philadelphie) qui a modélisé l’impact du réchauffement climatique, ici aux Etats-Unis, confirme que la chaleur extrême pourrait en effet augmenter significativement les décès cardiovasculaires. Ces données, publiées dans la revue Circulation de l’American Heart Association (AHA) engagent à prévoir de nouvelles mesures de protection, notamment pour les personnes plus âgées et les minorités souvent plus exposées.
Car les décès d'origine cardiovasculaire dus à la chaleur extrême devraient augmenter entre 2036 et 2065 de manière particulièrement élevée chez les adultes âgés de 65 ans et plus et des communautés plus démunies. Alors que la chaleur extrême représente actuellement moins de 1 % des décès liés aux maladies cardiovasculaires, la modélisation prédit que cela changera en raison de l’augmentation des journées d'été qui pourraient atteindre ces pics de température. L’équipe utilise ici un indice de chaleur, qui tient compte de la sensation de chaleur mais aussi de l'humidité.
La plupart des personnes peuvent s’adapter à la chaleur extrême, car le corps trouve des moyens de se rafraîchir, par exemple en transpirant. Cependant, certaines, souffrant de problèmes de santé sous-jacents, notamment de diabète et de maladie cardiaque, peuvent avoir des réactions différentes avec des risques accrus de crise cardiaque, d'arythmie cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral (AVC).
Ne pas avoir de clim ou vivre dans « des pièges à chaleur »
pourraient devenir des facteurs environnementaux majeurs de cette nouvelle mortalité cardiovasculaire, souligne l’auteur principal, le Dr Sameed A. Khatana, cardiologue et professeur de médecine à l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie : « le fardeau sanitaire dû à la chaleur extrême va continuer de croître au cours des prochaines décennies. En raison de l’impact inégal de la chaleur extrême sur les différents groupes de population,
le réchauffement climatique va encore exacerber les disparités déjà existantes en matière de santé. »
L’étude, menée par modélisation, a pris en compte les données au niveau des 48 États entre mai et septembre 2008-2019. Plus de 12 millions de décès liés aux maladies cardiovasculaires sont survenus au cours de la période d’étude. À l’aide d’un modèle environnemental, les chercheurs ont pu constater que l’indice de chaleur atteignait au moins « 90 » environ 54 fois chaque été. Les chercheurs ont ensuite pu lier ces pics de canicule à une moyenne de décès cardiovasculaires. Le modèle estime finalement que :
- au cours de la période 2036-2065, durant chaque été, 71 à 80 jours sont concernés par cet indice caniculaire ;
-
d'ici à 2065, le nombre annuel de décès cardiovasculaires liés à la chaleur durant l’été pourrait être multiplié par 2,6 ;
- l’estimation est basée sur l’hypothèse que les émissions de gaz à effet de serre, qui piègent la chaleur du soleil, seraient maintenues au minimum. Mais si les émissions augmentaient de manière significative, le nombre de décès pourrait plus que tripler, pour atteindre 5.491 ;
- chez les personnes âgées et les minorités plus vulnérables, le nombre de décès de cause cardiovasculaire, pourrait presque tripler, voire plus, si les émissions augmentaient de manière incontrôlée.
La recherche sensibilise au besoin de nouvelles initiatives pour protéger ceux qui présentent des risques sous-jacents et qui sont les plus exposés, conclut l’un des auteurs principaux, le Dr Lawrence J. Fine, conseiller à la Division des sciences cardiovasculaires du National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI/NIH).
Dans certaines villes, ont déjà été mises en œuvre des approches de " rafraichissement " : planter des arbres pour créer de l'ombre, ajouter des centres de climatisation ou des espaces publics climatisés, privilégier des matériaux réfléchissant la chaleur pour paver les rues ou recouvrir les toits. Cependant, des recherches supplémentaires sont aujourd'hui nécessaires pour évaluer l’impact de ces interventions sur la santé des populations.
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