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SÉCURITÉ des SOINS : L'âge du médecin associé au risque de décès des patients ?

Actualité publiée il y a 6 années 10 mois 2 semaines
BMJ
Les patients suivis par des médecins plus âgés accusent-ils un taux de mortalité plus élevé ?

Ce rapport de la Harvard Medical School présenté dans le British Medical Journal pourra faire grincer les dents de certains médecins. Car il suggère que les patients pris en charge, ici à l’hôpital, par des médecins plus âgés accusent un taux de mortalité plus élevé que les patients traités par des médecins plus jeunes. Ces résultats qui valent notamment pour les médecins âgés de 60 ans sont significatifs : à titre de comparaison, ils correspondent à la différence de taux de mortalité observée entre les patients à risque élevé de maladie cardiaque traités avec les médicaments appropriés vs ceux qui ne reçoivent aucun traitement.

 

Pour cerner l'interaction entre l'âge du médecin et le taux de mortalité des patients, les chercheurs ont analysé plus de 730.000 données de patients âgés de 65 ans et plus, traités entre 2011 et 2014, à partir des registres d'admission de plus de 18.800 hôpitaux. Pour mieux définir les caractéristiques des médecins et le secteur hospitalier de leur pratique, les chercheurs ont relié les dossiers d'admission des patients aux données obtenues de « Doximity », un réseau professionnel en ligne pour les praticiens et aux données de l'enquête annuelle de l'American Hospital Association. Si la différence absolue de taux de mortalité des patients identifiée comme associée aux âges des médecins est certes modeste, elle est cliniquement significative :

-10,8% chez les patients traités par des médecins de 40 ans et moins vs 12,1% chez ceux traités par des médecins de 60 ans et plus,

 

-une différence qui équivaut à un décès supplémentaire pour 77 patients traités par des médecins de 60 ans et plus vs traités par des médecins âgés de 40 ans et moins.

 

 

 

Le nombre de patients traités « compense » l'âge du médecin : en effet, un bon point, la différence d'âge du médecin ne « joue plus » sur le risque de mortalité des patients, lorsque le médecin est amené à traiter un grand nombre de patients. Ainsi, traiter plus de patients a certainement un effet bénéfique sur le maintien des compétences cliniques.

 

« La formation par la pratique au cours de l'internat augmente les compétences cliniques des internes en les exposant à un grand nombre de cas, mais au fur et à mesure que les médecins se spécialisent, la réactualisation de leurs compétences cliniques semblent diminuer quelque peu », commente l'auteur de l'étude, Yusuke Tsugawa, chercheur en gestion de la santé à la Harvard TH Chan School of Public Health. « Ainsi, lorsque le médecin, même âgé continue à gérer un grand nombre de cas patients, l'âge n'a plus d'influence sur la qualité des soins ». Dans ce cas, en effet, les différences entre les taux de mortalité chez les patients suivis par des médecins de 40 ans et de 50 ans sont beaucoup moins prononcées, de l'ordre de 11,1% et 11,3%, respectivement.

 

 

Globalement, les taux de mortalité des patients progressent à un rythme régulier avec l'âge des médecins et cette différence de risque de décès persiste même lorsque les chercheurs prennent en compte les facteurs de confusion possibles, dont, bien entendu, l'âge des patients et la sévérité du motif d'hospitalisation.

 

 

Médecins hospitaliers plus âgés, coûts des soins plus élevés : autre caractéristique, si les taux de réadmission des patients ne semblent pas affectés par l'âge du médecin, le coût des soins est légèrement plus élevé avec les médecins plus âgés.

 

Attention, il s'agit d'une étude observationnelle et qui entre autres limites porte sur le secteur hospitalier et sur certaines spécialités seulement. Cependant, si ces résultats ne sont pas généralisables à l'identique pour l'ensemble des pratiques et des spécialités, ils justifient néanmoins une analyse plus approfondie pour déterminer précisément les facteurs de décès chez les patients traités par des médecins plus âgés. « Les médecins plus âgés apportent une connaissance et une expérience inestimables » commentent les auteurs, « cependant, leurs compétences cliniques doivent être constamment réactualisées ». un rappel donc de l'importance cruciale de l'éducation médicale continue (FMC) tout au long de la carrière du médecin, quel que soit son âge et son expérience.

 

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