SÉDENTARITÉ : Une encyclopédie de sa physiologie
Cette revue approfondie menée par une équipe de médecins et de kinésithérapeutes de la FAPESP (Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo) et publiée dans les Physiological Reviews apporte une foule d'informations sur les effets sur l'organisme de la sédentarité et, en particulier des effets néfastes de la station assise prolongée. Avec ce message clé : « Asseyez-vous moins, bougez plus » !
Le comportement sédentaire est désormais bien documenté comme un facteur majeur et « moderne » de risque pour de nombreux problèmes de santé. Cette véritable « encyclopédie » présentée sous la forme d'une revue de 100 pages de la littérature, issue de 3 années de recherche révèle de nouveaux concepts, de nouvelles définitions et de nouvelles recommandations. L’analyse souligne néanmoins les lacunes des essais cliniques et des études expérimentales. Il reste en effet à décrypter les effets physiologiques possibles -et bénéfiques- des différentes combinaisons possibles d’exercices et de pauses venant interrompre la position assise.
Même les personnes qui pratiquent l'exercice mais restent assises ou allongées
pendant des périodes prolongées encourent un risque plus élevé de développer des problèmes cardiaques et vasculaires, par exemple.
Parmi les effets recensés d’un comportement sédentaire figurent :
- une résistance à l’insuline,
- un dysfonctionnement vasculaire,
- une réduction de la capacité cardiorespiratoire,
- une perte de masse et de force musculaire,
- une augmentation de la graisse corporelle totale et viscérale.
En d’autres termes, les effets physiologiques de la station assise prolongée sont comparables aux effets de l’inactivité.
Parmi les effets des interventions à long terme visant à réduire ou à interrompre le comportement sédentaire :
- L’activité physique, d’intensité légère à modérée apporte des bénéfices négligeables en termes de poids corporel, de tour de taille, de pourcentage de graisse corporelle, de glycémie à jeun, de taux d'insuline et de fonction vasculaire ;
- cependant, une telle activité modérée sert de passerelle vers l’adhésion aux recommandations de pratique de l’exercice, notamment pour les personnes souffrant d’obésité, ayant des difficultés à atteindre ces objectifs (l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande au moins 150 à 300 minutes d'activité physique aérobie modérée ou au moins 75 à 150 minutes d'exercice vigoureux par semaine, pour les adultes en général) ; cependant, soulignent les chercheurs, il existe encore peu de preuves dans la littérature de cet effet « passerelle » ;
8.000 pas par jour, un objectif idéal ? Plusieurs études suggèrent un certain nombre de pas par jour pour réduire le risque de décès prématuré dû à une maladie évitable. Certaines de ces études suggèrent que chez les plus âgés, déjà quelques centaines de pas pourraient déjà faire une différence. L'intensité de l'activité physique pose également question, car elle peut varier de légère (comme la marche par exemple) à modérée (lorsqu’elle entraîne une augmentation du rythme cardiaque et respiratoire) ou vigoureuse (lorsqu’elle induit une fatigue ou l'épuisement).
Le comportement sédentaire, une cause de décès évitable ? Des études de plus en plus nombreuses incluent la sédentarité au nombre des facteurs indépendants de mortalité prématurée. Même les personnes qui pratiquent régulièrement l'exercice mais restent longtemps assises sont considérées comme à risque de problèmes de santé.
Au-delà de cette synthèse des données disponibles sur la « physiologie de la sédentarité », cette revue de la littérature met en exergue les limites des modèles ou comportements expérimentaux utilisés par les scientifiques qui travaillent sur la physiologie du comportement sédentaire. Le repos au lit, l'immobilisation, la réduction du nombre de pas et la réduction ou l'interruption d'un comportement sédentaire prolongé ne sont pas les seules situations à envisager. Une personne en bonne santé, alitée ou devant porter un plâtre pendant quelques semaines devra elle-aussi compenser cette immobilisation par une forme d’activité. Enfin, peu d’études impliquent des enfants et des adolescents.
« Même si nous personnalisons les prescriptions pour réduire les comportements sédentaires, l’observance reste difficile. Nous prescrivons ainsi l’activité physique à nos patients souffrant d'obésité et de rhumatismes, cependant les résultats ne sont que rarement à la hauteur de nos attentes.
Le comportement sédentaire est profondément enraciné
et dans une large mesure il devient un automatisme. Il est très difficile de modifier ces comportements ».
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