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SSPT : Le plus traumatisant n’est pas ce qui se passe avant

Actualité publiée il y a 3 mois 6 jours 23 heures
Cognition and Emotion
Les conséquences d’un événement pénible sont plus mémorables et marquantes, que les événements qui l’ont précédé (Visuel Adobe Stock 521036904).

« Ne regardez pas trop en arrière », écrivent ces psychologues du Beckman Institute (Illinois) : les conséquences d’un événement pénible sont plus mémorables et marquantes, que les événements qui l’ont précédé. L’étude, publiée dans la revue Cognition and Emotion, suggère en pratique que nous nous souvenons plus clairement des moments qui suivent immédiatement un traumatisme que des moments qui l'ont précédé.

 

Clarifier la relation entre traumatisme et mémoire est important pour pouvoir améliorer les thérapies du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) mais aussi celles qui permettent de lutter contre le déclin cognitif. L’auteur principal Paul Bogdan, chercheur à l'Université de l'Illinois ajoute : « cette recherche ouvre un nouveau paradigme pour la compréhension des impacts des émotions sur la mémoire ».

Comprendre la relation entre la santé mentale et la mémoire

L’équipe étudie depuis plus de 15 ans cette relation entre la santé mentale et la mémoire, et en particulier les syndromes caractérisés par

l’intrusion de souvenirs indésirables dans la vie quotidienne,

ce qui dégrade la santé et peut entraîner le développement de troubles anxieux, de la dépression et du  SSPT.

 

L’étude des souvenirs traumatiques est délicate, car notre cerveau a tendance à éditer automatiquement les expériences négatives. Les grandes idées l'emportent sur les détails, les caractéristiques périphériques cèdent la place aux idées centrales et les moments critiques spécifiques sont souvent isolés de leur contexte. La recherche est menée via 2 expériences identiques :

 

  • une première étude menée auprès de 72 participants pour mieux identifier la temporalité des souvenirs associés à une émotion négative ;
  • une étude de réplication auprès de 150 participants pour confirmer les premières conclusions.

 

Les participants ont visionné une série d’images simulant une série de souvenirs. La moitié des images étaient censées susciter des réactions émotionnelles négatives et l’autre moitié rester neutres sur le plan émotionnel. Pour contextualiser les images – et les rendre plus proches de la mémoire – les participants ont été invités à s'imaginer en privé voyageant parmi les lieux photographiés et à créer un « fil conducteur » pour les relier ensemble. L’objectif était de reconstituer une histoire reliant ces images séquentielles.

Une heure plus tard, les participants ont visionné des paires d'images de la série. Pour chaque paire, il leur a été demandé si la deuxième image s’était produite immédiatement avant ou immédiatement après la première ou « ni l’un ni l’autre ». Les 2 expériences confirment que :

 

  • les participants placent, avec plus de précision, la deuxième image, celle qui suit le souvenir négatif, plutôt que celle qui le précède ;
  • lorsque les participants voient  une image négative, ils réussissent mieux à se souvenir des images neutres qui la suivent ; à l’inverse, les participants qui regardent une image neutre, placent de manière plus cohérente les images négatives qui l’ont précédée.

 

Un système de sécurité émotionnelle :  des thérapies cognitives pourraient accroître la « sécurité émotionnelle » en ciblant les souvenirs les plus gênants. Ces thérapies ne devraient pas cibler les souvenirs « d’avant » mais plutôt ceux « d’après ». « Il est contre-intuitif de penser que les humains ont évolué pour avoir une bonne mémoire des événements qui ont conduit à des conséquences négatives », écrivent les chercheurs.  

« Si vous étiez mordu par un serpent, vous souviendriez-vous de ce que vous faisiez auparavant ? »

Quelle explication ? Les pics émotionnels négatifs pourraient entraîner un regain de concentration et un pic de vigilance, incitant notre cerveau de mieux mémoriser ce qui se passe ensuite. Avec des implications, non seulement pour les thérapies cognitives qui devront s’adapter à ce mécanisme, mais incidemment aussi pour les enquêtes judiciaires :

« les gens sont plus susceptibles d’oublier les détails qui ont précédé un événement négatif ».

Quelles implications ? Reprendre le contrôle des souvenirs traumatisants nécessiterait aussi de les rattacher à leur contexte – leur lieu et leur époque d’origine. Inverser les troubles cognitifs consisterait aussi à rétablir « la mémoire du contexte », celle qui souffre le plus.

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