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TROUBLES de l’HUMEUR : Il « suffit » d’une infection sévère pour les déclencher

Actualité publiée il y a 1 année 10 mois 2 semaines
Brain
Le cerveau participe aussi à la détection et la régulation de l’infection (Visuel Adobe Stock 279710695)

Une infection grave peut entraîner des troubles de l'humeur à long terme, révèle cette équipe de l’Institut Pasteur qui ouvre ainsi une piste prometteuse pour prévenir la maladie mentale à la suite d'une infection passagère. Ces travaux menés chez l’animal et publiés dans la revue Brain, décryptent la « participation » du cerveau à la détection et la régulation de l’infection.

 

Le cerveau est capable de détecter et de réguler une inflammation localisée ou systémique en utilisant 2 voies de communication :

  • la première, humorale, fait appel à des structures cérébrales spécifiques qui permettent aux médiateurs inflammatoires circulants de pénétrer dans le cerveau ;
  • la deuxième voie, neurale, implique des nerfs dont les afférences sensorielles transmettent le signal inflammatoire détecté au niveau local.

Deux zones interviennent principalement dans ces interventions de régulation, l'hypothalamus et le système limbique, via l’hypophyse.

 

Le nerf vague utilise  des récepteurs identifiés pour détecter une inflammation digestive ou pulmonaire. Des structures et des réseaux cérébraux spécifiques perçoivent et intègrent ces messages humoraux et neuronaux et orchestrent une réponse régulatrice impliquant des éléments neuroendocriniens, neurovégétatifs et comportementaux.

L'activation neuroendocrine fait partie de la réponse régulatrice

Cette activation est caractérisée par la libération de cortisol, principale hormone du stress, ce qui impacte l'humeur, l'attention, le sommeil et l'appétit. L'objectif de la réponse globale du corps est de contrôler l'inflammation afin de préserver l'intégrité corporelle, ou l'homéostasie. Mais dans certaines circonstances, elle peut être inadaptée et entraîner des troubles immunologiques et/ou psychiques.

 

"L'exemple" du sepsis : les chercheurs se concentrent sur un type d’infection sévère, la septicémie ou sepsis, qui induit cette stratégie de défense contre le stress inflammatoire. On sait par ailleurs que la septicémie est associée à des troubles psychologiques chroniques tels que l'anxiété, la dépression et le trouble de stress post-traumatique. L’auteur principal, le Pr Tarek Sharshar, chef du service de neurologie de Sainte-Anne explique l’absence de traitement préventif efficace pour ces troubles psychologiques, « probablement en raison d'une méconnaissance de la physiopathologie de ces troubles, notamment des réseaux de neurones impliqués dans leur apparition ».

 

Mieux comprendre la la physiopathologie des troubles de l’humeur associés aux infections sévères : l'étude utilise des techniques pharmacogénétiques pour identifier un circuit neuronal comprenant le noyau central de l'amygdale et le noyau du lit de la strie terminale. L'activation de ce circuit dans les premières heures du sepsis induit un comportement anxieux qui dure 2 semaines après la disparition de l'infection. Ce comportement observé chez la souris imite le trouble de stress post-traumatique observé chez les patients se remettant d'une septicémie.

 

Un circuit neuronal cible : l’identification de ce circuit et de ce mécanisme ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques : les chercheurs montrent chez la souris modèle de sepsis, que l'administration d'un agent capable de prévenir l'hyperactivation de ce circuit réduit les risques de troubles anxieux.

 

Ainsi, ces travaux permettent de mieux comprendre le lien entre une infection grave et le développement de troubles de l’humeur, durables. Plus immédiatement, ils désignent un circuit dédié à l'anxiété post-septicémie et suggèrent un traitement pharmacologique possible, qui devra encore être testé par un essai thérapeutique randomisé multicentrique.

 

Enfin l’étude contribue également à expliquer la fréquence et la rémanence des symptômes neurologiques dans le COVID long.

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