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ALZHEIMER : La gencive, une fenêtre sur la santé cognitive ?

Actualité publiée il y a 3 années 3 jours 19 heures
Alzheimer's & Dementia: Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring
Des bactéries des gencives constituent des biomarqueurs possibles de la maladie d'Alzheimer (Adobe Stock 420469440)

On connaît le lien entre la gingivite et la parodontite et le risque cardiovasculaire. Il existe également un lien entre la santé (cérébro)vasculaire et le risque de démence et d’Alzheimer. Cette recherche propose un raccourci de la santé des gencives à la santé cognitive. Les chercheurs de l’Université de New York identifient ainsi des bactéries du tissu parodontal qui constituent des biomarqueurs possibles de la maladie d'Alzheimer. Ces données à paraître dans la revue Alzheimer's & Dementia associent précisément ces « mauvaises » bactéries à la protéine bêta-amyloïde caractéristique de la maladie.

 

La maladie parodontale est caractérisée par une inflammation chronique et systémique, avec des poches entre les dents et les gencives inflammées, gonflées et infectées. Ces travaux montrent que les personnes âgées qui présentent des bactéries plus nocives que saines dans le tissu parodontal, et a fortiori une maladie des gencives, sont plus susceptibles de présenter des niveaux de bêta-amyloïde élevés dans le liquide céphalo-rachidien (LCR). Curieusement cependant, la même association n’est pas retrouvée avec les niveaux de protéine Tau.

Un lien de plus en plus évident entre maladie parodontale et maladie d'Alzheimer

Cette recherche ajoute en effet aux preuves croissantes du lien entre la maladie des gencives et la maladie d'Alzheimer. Lorsqu’on sait que la maladie parodontale affecte 70% des adultes de 65 ans et plus (source CDC), l’association est primordiale. « A la fois en termes de détection et de prise en charge précoce de la maladie parodontale, mais aussi en termes de prise en compte de ce biomarqueur de la maladie d'Alzheimer chez des personnes âgées cognitivement normales », explique l’auteur principal, le Dr Angela Kamer, professeur agrégé de parodontologie et d'implantologie au NYU College of Dentistry.

 

« La bouche abrite à la fois des bactéries nocives qui favorisent l'inflammation et des bactéries saines et protectrices. Nous avons constaté que la présence d'amyloïde cérébrale était associée à une augmentation des bactéries nocives et à une diminution des bactéries bénéfiques »."

 

L’étude a suivi 48 adultes en bonne santé cognitive, âgés de 65 ans et plus. Les participants ont subi des examens buccodentaires, des échantillons bactériens sont été collectés sous la gencive et un prélèvement de LCR a été réalisé par ponction lombaire afin de déterminer les niveaux de bêta et de tau amyloïde. L’analyse de l'ADN bactérien des échantillons prélevés sous la gencive a permis de quantifier les bactéries connues pour être bénéfiques ou nocives pour la santé bucco-dentaire. Pris ensemble, les données révèlent que :

 

  • les patients présentant un déséquilibre entre les bactéries, avec un rapport favorisant les bactéries nocives par rapport aux bactéries saines, sont plus à risque de présenter une « signature d'Alzheimer » ;
  • plusieurs types de bactéries orales apparaissent impliquées dans l'expression des lésions amyloïdes ;
  • le microbiome buccal global, avec ses « mauvaises » mais aussi ses « bonnes » bactéries, joue un rôle clé dans la modulation des niveaux d'amyloïdes.
  • En revanche, l’étude n’identifie pas d'association entre les bactéries des gencives et les niveaux de tau.

 

Les mécanismes par lesquels les niveaux d'amyloïde cérébrale s'accumulent et déclenchent la maladie d'Alzheimer sont complexes et restent mal compris. Cette étude révèle que les maladies pro-inflammatoires, comme la parodontite, perturbent la clairance de l'amyloïde du cerveau. C'est l'hypothèse proposée par l'auteur principal, le Dr Mony J. de Leon, professeur de neurosciences et directeur de l'Institut d'imagerie de la santé du cerveau au Weill Cornell Medicine. Et alors que ces changements amyloïdes sont souvent observés des décennies avant que la pathologie tau ou les symptômes de la maladie d'Alzheimer ne soient détectés, la santé de la gencive pourrait être un révélateur précieux de ces niveaux de bêta-amyloïde.

 

Les chercheurs ont bien sûr prévu d’autres recherches pour regarder si l'amélioration de la santé parodontale peut freiner l’accumulation de bêta-amyloïde dans le cerveau et prévenir la maladie d'Alzheimer ou sa progression.

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