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CANCER : Les neutrophiles, le talon d’Achille de la tumeur ?

Actualité publiée il y a 2 années 10 mois 1 semaine
Cell
Les neutrophiles pourraient-ils détenir le secret du talon d'Achille du cancer ? (Visuel Adobe Stock 129007876)

Les neutrophiles pourraient-ils détenir le secret du talon d'Achille du cancer ? C’est ce que laisse espérer cette équipe de cancérologues de l'University of Chicago Medicine Comprehensive Cancer Center qui décrivent un nouveau mécanisme remarquable par lequel le propre système immunitaire du corps parvient à éliminer les cellules cancéreuses sans endommager les cellules hôtes.

La découverte et la compréhension de ce mécanisme, décrit dans la revue Cell, pourrait changer la donne et permettre le développement de médicaments de première intention, car conçus pour être sélectifs pour les cellules cancéreuses et non toxiques pour les cellules et les tissus sains. Cette piste, une fois validée, pourrait révolutionner la médecine de précision en garantissant le bon médicament à la bonne dose au bon moment.

 

Notre système immunitaire joue un rôle essentiel dans notre capacité à combattre les maladies tout en nous gardant en bonne santé. Notre système immunitaire a la capacité de reconnaître et d'attaquer un large éventail d'agents pathogènes infectieux, notamment des bactéries, des champignons et des protozoaires,

mais peut-il produire une réponse similaire, efficace et ciblée contre le cancer ?

Le bon médicament à la bonne dose au bon moment

Les polynucléaires neutrophiles, un type de globule blanc, répondent aux signaux chimiques émis par le système immunitaire et migrent vers différents sites du corps où leur intervention est nécessaire. On sait qu’ils combattent les cellules cancéreuses mais leur mode d’action n'est pas entièrement compris.

 

Une protéine anticancéreuse majeure libérée par les neutrophiles : ici, l'équipe identifie en effet l'élastase des neutrophiles (ELANE) comme une protéine anticancéreuse majeure libérée par les neutrophiles humains qui active les voies de mort cellulaire spécifiquement dans les cellules cancéreuses. ELANE provoque la mort des cellules cancéreuses dans les tumeurs et aux sites éloignés auxquels elles se sont propagées, tout en épargnant les cellules saines voisines.

 

Une réponse majeure de notre corps aux cellules mutées : selon l’auteur principal, le Dr Lev Becker, professeur agrégé à l’UChicago, ELANE est peut-être la principale réponse, -celle qui mérite le plus d’attention- de notre corps au cancer : « Les cellules changent constamment et les mutations s'accumulent. Certaines personnes développent un cancer, d'autres non. La voie que nous avons découverte peut aider à expliquer les mécanismes de notre système immunitaire qui éliminent ces cellules mutées ».

 

ELANE préserve les cellules saines et les cellules immunitaires : sur des modèles murins mais aussi chez des participants humains, l’équipe de Chicago constate qu'ELANE lance un programme complexe de destruction du cancer qui supprime les voies de survie cellulaire, induit des dommages à l'ADN, augmente la production d'espèces réactives de l'oxygène mitochondrial et active finalement l'apoptose des cellules cancéreuses. Cette chaîne d'événements est déclenchée par les polynucléaires neutrophiles qui sécrètent l’enzyme élastase, ce qui libère un système « de mort » chargé de maintenir l'équilibre du système immunitaire en contrôlant quelles cellules subissent l'apoptose. Ce domaine interagit avec les histones qui dans les cellules cancéreuses maintiennent leur stabilité génomique. Cette destruction sélective préserve les cellules saines et les cellules immunitaires.

 

Un spectre anticancéreux très large : parce qu'il peut tuer un large éventail de cellules cancéreuses, le traitement peut fonctionner quelle que soit la constitution génétique du cancer. Les chercheurs démontrent ici l'efficacité d'ELANE sur 9 types de cancer génétiquement divers. Prochaine étape, exploiter les effets thérapeutiques d'ELANE à la fois en monothérapie et en combinaison avec d'autres traitements contre le cancer.

 

Ces travaux débouchent donc sur des applications réelles et prochaines en pratique clinique. La biotech Onchilles Pharma vient d’ailleurs de recevoir un soutien financier pour avancer sur le développement d'un premier candidat-médicament basé sur ses données…

 

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