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ALCOOLODÉPENDANCE : Sur l’efficacité de la psychothérapie assistée par la kétamine

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 2 semaines
Frontiers in Psychiatry
De faibles doses de kétamine combinées à une thérapie psychologique aident les personnes sévèrement alcooliques à s'abstenir plus longtemps de consommer de l’alcool (Fotolia 179934751)

De faibles doses de kétamine combinées à une thérapie psychologique peuvent significativement aider les personnes sévèrement alcooliques à s'abstenir plus longtemps de consommer de l’alcool, conclut cet essai clinique, mené à l'Université d'Exeter. Les résultats de cet essai de phase II, le premier à examiner si une faible dose de kétamine peut empêcher le retour après consommation excessive d'alcool après l'arrêt, viennent d’être publiés dans la revue Frontiers in Psychiatry.

 

La kétamine est déjà documentée pour ses effets antidépresseurs, anti-suicide, contre les troubles de l’humeur et quelques études ont déjà suggéré son intérêt chez les personnes alcoolodépendantes. Actuellement, il existe peu de traitements efficaces pour l'alcoolisme sévère. Ce nouvel essai confirme les preuves préliminaires selon lesquelles un traitement contrôlé à la kétamine peut réduire le risque de rechute chez les personnes alcoolodépendantes. L'essai KETamine for Reduction of Alcohol Relapse (KARE), est le premier essai à comparer la kétamine avec et sans thérapie contre l’alcool, dans n'importe quel contexte de santé mentale.

3 personnes sur 4 reprennent une consommation excessive d'alcool dans les 6 mois suivant l'arrêt de l'alcool 

Le professeur Celia Morgan de l'Université d'Exeter et son équipe ont mené cette étude auprès de 96 personnes souffrant de problèmes d'alcool et abstinentes au moment de l'essai. Avant l'essai, les participants buvaient tous les jours, consommant en moyenne l'équivalent de 50 pintes de bière par semaine (soit 125 unités). L’expérience montre que :

 

  • les participants ayant reçu de la kétamine en association avec une thérapie psychologique restent complètement sobres pendant 162 jours sur 180 au cours de la période de suivi de 6 mois, ce qui correspond à un taux de 87 % d'abstinence ;
  • concrètement, les participants ayant reçu de la kétamine et suivi une thérapie psychologique ont bu au-delà des quantités recommandées pendant seulement 5 jours au total au cours de la période d'essai de 6 mois, en moyenne. Cela représente une réduction du risque de décès liés à l'alcool de 1 sur 8 à 1 sur 80, soit une réduction par 10 ;
  • le taux d’abstinence s’avère significativement plus élevé qu’avec n'importe quel autre traitement, ce qui indique que la thérapie peut également être prometteuse pour prévenir les rechutes ;
  • les participants ayant reçu la kétamine sont plus de 2,5 fois plus susceptibles de rester complètement abstinents à la fin de l'essai vs participants témoins sous placebo ;
  • la kétamine combinée à la thérapie psychologique permet ainsi d’empêcher, dans une grande mesure, toute consommation d'alcool pendant 6 mois ;
  • enfin, les patients ayant reçu de la kétamine présentent également un risque de dépression plus faible à 3 mois et une meilleure fonction hépatique que les témoins.

 

« L'alcool peut détruire des vies, et il existe besoin urgent de nouvelles thérapies pour aider les patients alcoolodépendants à réduire leur consommation. De faibles doses contrôlées de kétamine combinées à une thérapie psychologique peuvent contribuer à une abstinence durable. C'est extrêmement encourageant, car, en moyenne, 3 personnes sur 4 reprennent une consommation excessive d'alcool dans les 6 mois suivant l'arrêt de l'alcool ».

 

Alors que le nombre de décès liés à l'alcool a doublé depuis le début de la pandémie, de nouveaux traitements sont plus que jamais nécessaires. Auparavant, l'utilisation de la kétamine chez les alcooliques avait suscité des inquiétudes en raison de problèmes de foie, mais cette étude confirme également que la kétamine est sûre et bien tolérée dans des conditions de surveillance clinique.

 

« Nous constatons même que la fonction hépatique s'améliore dans le groupe kétamine, car les participants ont réduit considérablement leur consommation ». Enfin, de nombreux participants « vivent » la combinaison de kétamine et de thérapie comme une combinaison bénéfique.

 

« J'ai vécu une expérience qui non seulement a changé ma vie mais qui m’a aussi ouvert l'esprit ».

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