GROSSESSE et ANTIDÉPRESSEURS: Un certain risque d'anomalies de naissance

Alors que la dépression touche 7 à 19% des femmes enceintes, le recours aux antidépresseurs durant la grossesse pose la question des effets sur la grossesse et du risque de complications. Il pose aussi celle de l’exposition in utero sur la santé de l’enfant. Cette étude sur près de 30.000 femmes enceintes révèle un risque certes modeste mais significatif d'anomalies congénitales en cas d’usage de certains antidépresseurs en début de grossesse. De nouvelles données qui appellent à être confirmées par de nouvelles études pour apporter aux médecins et à leurs patientes toutes les conditions d’une décision éclairée.
Si l'usage des antidépresseurs durant la grossesse s'impose en présence d'un besoin clinique évident, les données sur leurs effets restent contradictoires. Plusieurs risques ont néanmoins été suggérés sur la santé de l'enfant, dont l'augmentation du risque de naissance prématurée et d'obésité plus tard dans la vie, en revanche l'absence d'impact sur la croissance et l'absence de risque accru de décès ont aussi été documentés. L'utilisation de certains antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS (Prozac® ou Zoloft®)) a également été liée à un risque accru de pré-éclampsie.
L'équipe du National Center on Birth Defects and Developmental Disabilities (US) a rapproché les données de 17.952 femmes participant à la cohorte National Birth Defects Prevention Study dont les enfants présentaient des malformations congénitales, de celles de 9.857 participantes témoins ayant mis au monde des bébés sans malformation.
L'analyse confirme un risque en lien avec certains antidépresseurs :
· avec le Prozac® (fluoxétine), le risque de malformations cardiaques et de déformation crânienne ;
· avec le Deroxat®, Seroxat® (paroxétine), le risque de malformations cardiaques, cérébrales et de déformation crânienne et de la paroi abdominale : une prise en début de grossesse est ainsi associée à un risque:
- de malformation crânienne de 2 à 7 pour 10.000 naissances,
- de malformation cardiaque de 10 à 24 pour 10.000 naissances.
Cette nouvelle étude rappelle la nécessité d'un usage rigoureux des ISRS durant la grossesse en révélant le risque accru de malformations congénitales. Les auteurs précisent ici qu'il existe bien une relation de cause à effet mais que le risque en valeur absolue d'anomalies congénitales reste faible. Ils appellent néanmoins à de nouvelles études permettant aux patientes comme à leurs médecins de prendre des décisions éclairées sur le traitement.
Source: BMJ 2015;351:h3190 08 July 2015 Specific SSRIs and birth defects: bayesian analysis to interpret new data in the context of previous reports (Visuel BMJ)
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